Un discours mythique et un homme sur la Lune
Cet article est paru sur LinkedIn, le 18 octobre 2018.
Cette semaine sort le film First Man qui retrace l’histoire de Neil Armstrong, premier homme à avoir marché sur la Lune en juillet 1969. Résultat d’une décennie d’efforts, cette prouesse tient en partie à un discours mythique prononcé par John Fitzgerald Kennedy en 1962.
La bande annonce du très attendu film First Man, avec Ryan Gosling, fait entendre la voix de John Fitzgerald Kennedy. Les mots prononcés proviennent d’un discours de seulement 18 minutes prononcé en 1962 à la Rice University, près de Houston où se trouve le Centre des Vols Spatiaux Habités. Alors qu’à l’époque la majorité des scientifiques et experts étaient sceptiques sur la possibilité d’aller sur la Lune, le Président américain réussit à fédérer tout un peuple pour réaliser ce qui semblait impossible. Comment cette intervention changea le cours de la conquête spatiale ? Récemment, le professeur Andrew Carton de l’Université de Wharton a analysé des milliers de documents liés à la NASA qui permettent de mieux comprendre le pouvoir des mots prononcés par John Fitzgerald Kennedy.
Etablir une vision claire
Face à une audience de 35 000 personnes, le Président des Etats-Unis, déterminé et confiant, propose une vision galvanisante pour tout un peuple : « Nous choisissons d’aller sur la Lune au cours de cette décennie, et d’accomplir d’autres choses encore, non parce que c’est facile, mais justement parce que c’est difficile, car ce but servira à organiser et à donner le meilleur de nos énergies et de nos savoir-faire, parce que c’est le défi que nous sommes prêt à relever, celui que nous refusons de remettre à plus tard, celui que nous avons la ferme intention de gagner, et les autres également ». John Fitzgerald Kennedy sait les nombreux obstacles qu’il faudra surmonter, mais il sait aussi que pour motiver rien n’est plus efficace de mettre en valeur un objectif qui fait rêver.
Fédérer et s’adresser à tous
La puissance du discours réside aussi dans sa capacité à toucher tout un peuple. John Fitzgerald Kennedy ne s’adresse pas simplement aux astronautes ou aux experts de l’espace mais cherche à mobiliser tout le monde. Une anecdote retrouvée dans les documents analysés par Andrew Carton symbolise parfaitement cette volonté. Un jour, quelqu’un demanda à un technicien qui faisait le ménage dans des locaux de la NASA ce qu’il faisait, et ce dernier répondit : « Je mets un homme sur la Lune ». En outre, dans la totalité de son intervention, c’est le pronom personnel « nous » qui est utilisé, permettant ainsi d’établir une vision collective où chacun peut contribuer à son échelle.
Du concret pour donner vie à la vision
Mais une vision ne peut mener à des actions que si elle s’incarne dans des faits concrets. Ainsi, tout au long de son allocution, John Fitzgerald Kennedy prend soin de relier son sujet, qui pourrait apparaître comme très lointain, aux plus près des préoccupations quotidiennes de son audience. Il affirme ainsi : « Mais, pourquoi la Lune diront certains ? Pourquoi en faire notre objectif ? On pourrait tout aussi bien demander : pourquoi gravir la plus haute montagne ? Pourquoi, il y a 35 ans, traverser l’Atlantique ? ». Il montre également que les premières pierres de l’aventure sont déjà en train d’être posées, il ne s’agit pas simplement d’un rêve mais d’une réalité bien tangible : « Au cours des dernières 24 heures, nous avons visité les installations en cours de construction, pour la plus grande et plus complexe exploration de l’historie de l’Homme ». Toujours pour être le plus concret possible, il utilise aussi de nombreuses métaphores qui donnent vie à ses propos.
Ce discours ne peut pas à lui seul expliquer qu’en juillet 1969 Neil Armstrong marcha sur la Lune mais il démontre la puissance et le retentissement que peut avoir un discours visionnaire. Ce sont, encore aujourd’hui et pour toujours, les mots de John Fitzgerald Kennedy qui symboliseront les premières prouesses de la conquête spatiale. En ce qui concernant la prise de parole en public, pour tous les leaders qui souhaitent soulever des montagnes, les leçons sont simples : établir une vision claire, embarquer tout le monde dans l’aventure et être concret.