4 conseils pour prendre la parole et marquer les esprits

Cet article est paru sur le Huffington Post, le 15 avril 2018.

Quelques techniques et méthodes permettent de marquer les esprits que ce soit lors d’une discussion en famille, d’un débat entre amis, d’une présentation au travail, d’un discours de mariage ou d’un entretien d’embauche.

Tout le monde peut devenir un orateur de talent et même... prendre du plaisir en s'exprimant à l'oral! Loin d'être un don, la prise de parole en public s'apprend... mais pas à l'école malheureusement, et cela depuis une réforme de l'enseignement datant de 1902.

Pourtant, quelques techniques et méthodes permettent de marquer les esprits que ce soit lors d'une discussion en famille, d'un débat entre amis, d'une présentation au travail, d'un discours de mariage ou d'un entretien d'embauche.

A qui parlez-vous?

La première question que tout orateur doit se poser est simple: quelle l'audience ai-je en face de moi? Pour caractériser celle-ci, il est important de connaitre sa taille, sa composition (des experts de votre sujet ou non, des personnes de votre âge ou non...), ce qu'elle souhaite apprendre (c'est-à-dire pourquoi elle doit vous écouter) mais aussi l'image que vous souhaitez renvoyer à celle-ci (autorité, sympathie...).

Cette question, trop souvent oubliée, détermine de nombreux éléments de votre prise de parole: le niveau de détails, le degré de complexité, la durée de votre intervention ou encore le ton adopté. Déjà, durant l'Antiquité, le grand orateur grec Cicéron avait remarqué que les orateurs qui répondaient aux attentes de leurs audiences, étaient plus convaincants et inspirants. Mais attention, cela ne veut pas dire que vous allez présenter des idées que l'audience souhaite entendre ou avec lesquelles elle sera d'accord.

Il ne faut jamais oublier, comme le précisait Montaigne dans ses Essais, que: "La parole est moitié à celui qui parle, moitié à celui qui l'écoute.". Autrement dit, la parole est TOUJOURS un dialogue, c'est un sport collectif. Un orateur de talent a toute l'attention de son audience et entre en empathie avec elle. Vous devez interagir avec elle en posant des questions ou en demandant leur avis.

Un unique message pour graver les mémoires

S'il ne devait en avoir qu'un, quel serait le message que l'audience doit retenir? Souvent, lorsque nous prenons la parole, nous partageons plusieurs idées, plusieurs convictions, plusieurs arguments qui sont étayés par des exemples, des anecdotes ou des faits. Ainsi, le risque est de submerger l'audience d'informations. Pour éviter cela, tous ces éléments doivent être organisés pour mener vers un unique message, clair et concis.

Pensez aux fables de La Fontaine. Chaque fable est une courte histoire qui mène logiquement à un proverbe, à une morale ou à une leçon de vie ; c'est-à-dire à un message fort. C'est exactement la même chose pour les grands discours qui ont marqué l'histoire: I have a dream de Martin Luther King, l'abolition de la peine de mort par Robert Badinter...

Enfin, un message ne marquera les esprits et ne sera convaincant que si vous êtes vous-même convaincu par celui-ci! C'est à cette seule condition que vous l'incarnerez et que vous serez prêt à le partager au plus grand nombre.

Décollage et atterrissage en toute sécurité

Si vous avez déjà pris l'avion, vous savez certainement que les deux phases les plus critiques sont le décollage et l'atterrissage. Alors qu'elles ne représentent en moyenne que 5% du temps de vol, elles sont à l'origine de plus de 60% des accidents mortels!

Lors d'une prise de parole en public, la même logique s'applique. L'introduction, et plus particulièrement l'accroche, est un moment critique car, en quelques secondes seulement, elle doit permettre de capter l'attention et éveiller la curiosité de votre audience. Ainsi, en 2012, Laurent Alexandre débutait sa prise de parole sur la scène de TEDxParis avec ces mots: "Bonjour, je vais aujourd'hui vous parler du tabou ultime... notre mort! Quand allons-nous mourir?". Nul doute que vous souhaitez en savoir plus!

Les derniers mots sont eux aussi cruciaux car ils permettent de finir en apothéose, de partager une vision forte, de transmettre votre message le plus important ou d'appeler l'audience à agir. Par exemple, le 10 mai 1994, lors de son discours d'investiture à Pretoria, Nelson Mandela termine son allocution avec des mots qui appellent à l'unité et au rassemblement. Pensez aussi à vos grands-parents qui racontent des histoires en préparant savamment une chute pleine de surprise.

Trouver son style et sa personnalité

La prise de parole en public doit être un exercice où chaque orateur se sent à l'aise pour partager ses idées. Pour cela, pas de secret, il faut être fidèle à son style et à sa personnalité. Si vous ne prenez pas de plaisir lors de vos interventions orales, vous ne serez pas encourager à recommencer. Ici, les grands orateurs peuvent être des sources d'inspiration, mais rien ne sert de les imiter car sinon vous allez jouer un rôle.

Pour être convaincant, il faut être convaincu... aussi sur la forme! Cela contribue à être authentique et différent des autres. Si vous êtes drôle naturellement, réalisez des blagues. Si vous vous distinguez par votre franc-parler, conservez cette particularité! Jean-Luc Mélenchon n'hésite pas à s'emporter lorsqu'il s'exprime face à ses partisans quand Steve Jobs était plus posé et calme sur scène. Pourtant, les deux sont d'excellents orateurs.

 
Adrien Rivierre