G7 : Macron change sa stratégie de communication
Dans la foulée du G7, Emmanuel Macron opère un changement dans sa stratégie de communication. Le costume de Jupiter semble définitivement remisé au placard pour laisser place à un un Président qui fait la part belle à l’écoute, au « j’ai changé » et à un effort pédagogique inédit.
« La diplomatie, c'est essayer de tenir ensemble des vitres brisées. », disait le Général de Gaulle. Voici comment Emmanuel Macron résumait hier lors de son interview télévisée le périlleux exercice de la diplomatie internationale.
Une métaphore qui permet de mieux comprendre les avancées réalisées à la suite du G7 qui s’est tenu à Biarritz. Une métaphore également comme le symbole d’une prise de parole qui se veut bien plus pédagogique que celles qui ont émaillées la première partie du quinquennat. Car en effet, le Président semble résolu à communiquer différemment.
L’échec de la parole jupitérienne
Porté par son ascension fulgurante et dans sa volonté de reformer la France au pas de charge, Emmanuel Macron avait adopté un ton assertif et sans concession.
De fait, il mettait l’accent sur l’implacabilité de ses raisonnements logiques, ce que les orateurs grecs appelaient le logos. Mais les arguments avancés ne se nourrissaient pas assez des opinions contradictoires et le Président finissait par manquer cruellement d’empathie.
Avec une telle posture autoritaire, il ne pouvait guère jouer sur les émotions - le pathos. Et quand il le faisait, ses interlocuteurs criaient à la tentative de manipulation plus qu’à l’expression d’une parole sincère. Finalement, Emmanuel Macron renvoyait l’image d’un orateur arrogant, méprisant voire cassant comme l’illustrent quelques sorties dont celle de septembre 2018 à l’occasion des Journées du patrimoine où il répondit à un demandeur d’emploi : "Je traverse la rue et je vous en trouve [un emploi]".
Du «en même temps» au «j’ai changé»
La première partie du quinquennat était néanmoins marquée par l’expression « en même temps » qui explicitait une volonté de nuance sur tous les sujets.
Mais cette nuance de surface ne semblait pas se retrouver dans les discussions menées avec ses interlocuteurs, au premier chef desquels les partenaires sociaux. Preuve que la parole n’était pas nuancée, ou reçue comme telle, la réaction de la rue, avec le mouvement des Gilets jaunes, a été inédite et parfois violente.
Alors, Macron semble dire depuis quelques jours maintenant qu’il a « changé ». Cette expression, habituelle dans la rhétorique politique (notamment utilisée en son temps par Nicolas Sarkozy), vise est un moyen de dire que des erreurs de jugement ont été commises et qu’une inflexion est à prévoir dans les mois à venir.
Premier sujet concerné, notamment sous la pression de la jeunesse, celui du changement climatique et de la nécessité d’accélérer la transition écologique.
L’art de la pédagogie et du dialogue
En se fiant à son interview télévisée du 26 août, Macron semble ainsi vouloir entrer dans une communication pédagogique et symbolisée par le dialogue.
Sur tous les sujets, il a pris le temps de rappeler le contexte, les enjeux, les avancées mais aussi les obstacles encore à surmonter. Il a répété que toutes les négociations sont à prendre avec des pincettes et que les équilibres trouvés sont fragiles.
Autrement dit, les actes devront transformer les paroles en réalité. Immédiatement, l’image renvoyée (l’ethos) est celle d’un orateur bien plus à l’écoute, prêt à discuter et même à se laisser convaincre comme le démontre ses propos sur le sujet des retraites où il affirme que rien n’est aujourd’hui décidé.
Sur la forme, la voix est posée, la gestuelle maîtrisée et soutenant parfaitement le propos. L’image s’inscrit ainsi en contrepoint total par rapport à sa posture figée, voire rigide, lors de son allocution du 10 décembre 2018 pour répondre aux revendications des Gilets jaunes.
Pour Macron, le grand défi de cet acte II de la communication présidentielle est de parvenir à poursuivre les réformes tout en acceptant d’échanger et de partager avec les parties prenantes.
S’il y parvient, il répondra aux volontés d’intelligence collective, d’horizontalité et aux premiers jalons posés par le Grand débat national. L’enjeu politique est bien sûr crucial mais il est aussi et surtout personnel. Au revoir Jupiter…